Allongée sur le sol de ta cuisine, les bras étendus, fixant ce plafond d'un blanc éclatant cela en deviendrait presque aveuglant, ton cœur raisonnait dans tes tempes, tes paupières se firent de plus en plus lourdes, plus besoin de lutter, tu étais visiblement prête à sombrer dans cette vaste obscurité. Ton corps entier brûlait, tu bouillonnais intérieurement, souffrance, comme si cette torture n'avait aucune conséquence sur ton état d'esprit, tu te mets même à sourire, que t'arrive-t-il? Es-tu vraiment ce genre d'esprit faible à en finir aussi vite? Tu joues avec le feu et aujourd'hui tu avais fini par t'en brûler les ailes, ou plutôt... c'est elle qui en est la responsable. Sombrant, tu n'avais plus conscience du lieu où tu te trouvais. Une voix perturba tes pensées, impossible pour toi d'ouvrir ses paupières pour en trouver son détenteur, un parti de toi-même souhaite revenir, mais elle a pris le contrôle de ton corps. On te bouscule, une pression se fit contre ton bras, tu ne bouges pas, inerte, incapable de faire le moindre mouvement. On t'interpelle, un appel, même si tu avais voulu y répondre, tu en aurais été incapable, tu avais conscience qu'il y avait quelqu'un d'autre, mais c'est comme si tu avais perdu le contrôle de son corps. Déplacée, gentiment frappée, rien ne pouvait te faire sortir de cet état. Retrouvant le contact du sol, quelque chose vint percuter violemment ta joue, un froid glacial, ton corps se frigorifia, ta joue brûlait par cette température, tu avais le sentiment de te retrouver entièrement nue, ensevelie sous un tas de neige. Grognant doucement, tu bougeas que très légèrement ton visage, cela avait le mérite de te faire réagir, ouvrant doucement tes paupières, une salle de bain? Une douche? Tu n'as pas le temps de comprendre quoi que ce soit qu'on t'enfonce deux doigts au fond de la gorge afin de te faire vomir. Désagréable sensation. Posant tes mains au sol, tu craches, grimace, grogne, avant de relever enfin ton regard vers cette autre personne qui se trouvait dans la même pièce que toi, celui qui était venu à ton aide "C'est tout ce qu'elle mérite" Un large sourire, un ricanement se fait alors entendre, il comprend alors à qui il avait affaire, Eléa.

T'avançant à petit pas dans cette longue allée, ton regard rivés sur ces gens t'observant comme si tu étais un ange tout droit descendu du ciel, il sourit, des larmes coulent le long de leurs joues, tristesse? Non de la simple joie. Cette longue robe blanche épousant parfaitement les courbes de ton corps, cette dentelle te rendait merveilleusement belle, à vrai dire tu n'en es pas absolument certaine, deux secondes, le temps que tu as passé à te regarder dans le miroir, ton reflet, tu n'as jamais pu le supporter, tu ne pouvais pas t'empêcher de penser à ta sœur qui te ressemblait traits pour traits. On ne te comprend parfois pas, mais tu sais aussi pourquoi tu fais cela, Eléa. Ton regard se pose sur ce bouquet, tes mains deviennent moite, qu'est-ce que tu fais ici? Ton regard se rive sur lui, impeccable dans son costume sur mesure, le sourire aux lèvres, sourire que tu lui rends. Il reste un inconnu pour toi, tu ne sais même pas si tu peux te dire amoureuse, mais c'est lui avec qui tu devais t'unir, ainsi en a décidé ta famille, ils sont tellement vieux jeux. Tu rêves du grand amour, du vrai, de cette sensation qui te rend heureuse en un simple regard, ton cœur prêt à exploser en une seule pensée, te surprendre à rêver de ses traits, de ses lèvres, désireuse de vivre cet amour que recherche tant de gens. Quand tu le regardes, tu ne ressens qu'un profond respect, ton cœur bat normalement, tu ne sens pas cette joie t'envahir, aucune excitation. Il est attirant, tu le sens en toi, mais ce n'est pas le coup de foutre et pourtant... tu t'apprêtais à t'unir à lui, à vivre ta vie avec lui, à porter ses enfants un jour ou l'autre il le voudra, tu le sais. Tu devrais lâcher ce bouquet et partir en courant hors de cet endroit et pourtant tu continues sur ta lancée jusqu'à finir par avoir cette bague au doigt. Tu assumeras jusqu'au bout ce rôle qu'on t'a imposé, cette façon dont on t'a élevée, tu as toujours suivi tout ce qu'on t'a dicté de faire, la parfaite petite femme, l'épouse aimante, enfin presque, mais ça.. c'est avant que Eléa ne fasse son grand retour et qu'elle te mette des bâtons dans les roues.

Cette conne n'a pas suivi ce qu'on lui a dit! Une boîte de médicaments jeté dans les chiottes, tu en as ras-le-bol qu'on te dicte quoi faire, tu es dans ta façade petite rebelle idiote, ton mari te choppe en train de tirer la chasse boîte vide à la main "Chloé qu'as-tu fait?" N'est-ce donc pas évident? Que cette connasse revienne, tu n'en as strictement rien à foutre! Tu n'es pas folle, tu peux tout contrôler!!! Ou pas. L'idiote que tu es a sous-estimé ton esprit dérangé, tu t'es enfoncé dans la pénombre de ton propre subconscient pour laisser place à cette tentatrice diabolique. "Merci Chloé" dit-elle en observant son propre reflet dans le miroir tout en ébouriffant ses cheveux, le regard brûlant, ce sourire qui veut tout dire, elle va tout détruire, détruire ton mariage, ta vie, peut-être toi-même comme elle l'a déjà fait une fois. Si tu le pouvais tu l'étranglerais de tes propres mains, mais tu ne ferais qu'étrangler toi-même, plutôt compliqué l'histoire... The bitch is back, elle a pris sa vie, son mari, tout et elle ne compte pas retourner au fond du trou, elle compte rester et ça personne ne sait jusqu'à quand.. à vrai dire, personne ne la sait là, elle est devenue Chloé.