first part : young and beautiful
Le soleil laissait passer ses rayons, faisceaux lumineux et chauds, à travers la fenêtre du grenier. Unique source éclairée de la petite sombre, dont l'odeur poussiéreuse avait toujours fasciné l'enfant. Des vaguelettes dorés, caramel, qui ondulait dans son dos malingre et seulement habillé d'une légère robe immaculée. Son regard, d'un vert incroyable, étaient dardés sur un objet intriguant, hétéroclite. Une force biscornue, des matériaux étranges et variés. Son souffle calme, apaisé, en harmonie avec le silence environnant. Un bel enfant, un ange tombé du ciel, dont le visage délicat et encore juvénile, contrastait fortement avec l'ambiance presque funeste de l'endroit dans lequel elle se trouvait, gardien des souvenirs que l'on cherche constamment à oublier, tout en haut de la demeure. Un confident que l'on vient parfois chercher quand la nostalgie se fait trop lourde, quand l'envie se fait sentir, à certains moments. « Il te fascine n'est-ce pas ? » Un sursaut, un hoquet de stupeur et les prunelles forêt se tournent vivement vers la source des mots. Une haute stature, quoiqu'un peu courbée par le poids des années. Un visage ridé mais calme, imposant le respect en tout moment. Deux orbes brunes, profondes, qui scannent et entrent profondément dans votre être, à un tel point que cela en est dérangeant. Une main se tend, douce, sans tout fois dissimuler sa fermeté. La petite fille mâchonne sa lèvre inférieur, les joues rosies par la gêne, par la culpabilité. Les ondulations lumineuses de sa chevelure retombent sur son visage ovale et pâle. « Je...je..désolé, Grand-père. » murmure-t-elle, tête baissée. La main s'approche, attrape une de ses dextres, la menant près du grand bureau, couvert d'une couche vaporeuse et moutonneuse. Le temps qui passe, qui s'accumule, qui ne s'efface jamais vraiment. « Sais-tu quel est cet objet ? Quelle est son histoire ? » Un mouvement horizontal lui indique que l'esprit innocent est dénué de tout savoir à propos du monde, de la culture qui se rapporte cette création manuelle et ancestrale. « Dans la culture amérindienne, ceci est un capteur de rêves. C'est un objet artisanal ojibwé appelé "asubakatchin". Il est composé d'un anneau, généralement en saule, et d'un filet lâche. Les décorations qui le composent sont différentes pour chaque capteur de rêves. Selon une croyance populaire, le capteur de rêve est censé empêcher les mauvais rêves d'envahir le sommeil de son détenteur. Agissant comme un filtre, il conserve les belles images de la nuit et brûle les mauvaises aux premières lueurs du jour. » L'enfant est absorbée par les paroles débités d'une voix grave et chaude, son regard suivant le moindre fait, le moindre geste évocateur. Sa mémoire, sa matière grise enregistre le moindre mot, l'histoire qui découle de l'objet, qui le rend si vivant, unique des autres. Ses petites mains enfantines caressent délicatement les plumes colorées, font rouler les boules de bois sur la peau satinée. Et lorsque le silence reprend ses droits, maître incontesté, il est troublé par une mélodie cristalline et légère. « Grand-père, est-ce que je peux le prendre ? S'il te plaît... » Une voix tremblante, peu assurée, presque craintive. Mais une avidité permanente, de posséder ces vieilleries pour lesquelles elle possède une affection toute particulière. Un sourire, discret mais marqué, lui fait comprendre qu'elle peut emporter son trésor et elle accoure, l'objet précieusement gardé entre ses bras fins. Arrivée à la chambranle de la porte, elle se retourne, les yeux brillants. « Est-ce que je peux revenir demain ? Je veux apprendre encore, s'il te plaît ! Montre-moi des nouvelles choses, je veux voyager avec toi, Grand-père. » Un signe de tête plus tard, une promesse silencieuse effectuée, on ne peut plus distinguer la robe blanche, qui disparaît dans un mouvement flou.
second part : delicious
« Ad', ne bouge pas d'un poil. » Un murmure, autoritaire et presque menaçant. Un visage dont les sourcils sont froncés, la lèvre mordillée convulsivement. Ce qui n'enlevait rien à sa beauté pure, presque angélique. Quelques pas, légers et discrets, qui s'avancent jusqu'à la lisière de la porte, à l'affut du moindre soucis. Du moindre trouble qui pourrait faire s'évaporer l'euphorie du moment, la joie du partage. « Il y a du bruit de l'autre côté. Maman va me détruire, si elle voit qu'on a mis le bazar dans la cuisine. » Détournant son visage vers l'intérieur, elle contemple le capharnaüm ambulant qui compose la pièce. Des traces de farines maculent le plan de travail en marbre noir, du chocolat, du beurre fondu éparpillés sur les murs, dans les casseroles. Des coquilles d'œufs jonchent le sol dans des craquements sinistres. Une grimace désespérée étira ses lèvres pleines, sous le regard azur de compagnon de galère. « On ne fait que cuisiner, Sel'. Ta mère va pas nous en chier une galette, si ? » Un regard effaré et un sifflement venimeux de la part de la jeune fille. « Langage, Adriel. C'est ma mère quand même, un peu de respect. » Le garçon lève les yeux au plafond, mains levées en signe de reddition. « Excuse, Sélène. Mais bon, on se pique pas des seringues dans le bras non plus, on a essayé de faire un moelleux au chocolat. » Un sourire narquois rehausse les lèvres, à la pensée de l'infructueuse manipulation culinaire. Une catastrophe ambulante. Les pas s'éloignent ostensiblement, alors elle relâche la tension de ses épaules et retourne se poster contre le brun, qui l'observait avec une fascination silencieuse et presque religieuse. « Ils sont partis plus loin. Quand elle revient, on pourra lécher le sol, tellement ce sera propre. D'acc- » Ses mots se bloquent dans sa gorge quand elle voit le visage fin et androgyne du seul homme de sa vie, s'approcher du sien. Son cœur fait une embardée étrange, inconnue. « Que..qu'est-ce tu fais, Ad' ? » Un sourire se dessine sur les lèvres roses de son ami, de son frère, de son confident le plus proche. Et une pulpe douce et satiné se pose contre sa joue, traverse sa fossette avant d'aller caresser le coin de sa bouche. « T'avais un bout de chocolat, petite gourmande. » Figée par la surprise, elle ne dit mot et attend le recul. Une équation sans variantes, incompréhensible. Comme jouer du piano sans avoir jamais appris le solfège, sans jamais avoir appris à connaître les notes, les sonorités. « Ah, merci... » Il était évident que le regard océan posé constamment sur elle, n'avait rien d'un regard innocent, purement amical. N'ayant jamais pris en compte les critiques, les murmures qui se glissaient dans les couloirs de l'école, à leur propos, elle ne voyait pas ce qui se tramait devant son nez, depuis toujours. En son for intérieur, Adriel était la représentation du frère qu'elle n'avait jamais eu, du meilleur ami qu'elle s'était trouvé. Mais si il était clair qu'elle appréciait beaucoup la beauté étrange et fascinante qu'il possédait, androgyne, biaisée, délicate sans pour autant manquer de masculinité. Son opposé, avec sa voix souvent traînante, grognonne, ses sursauts d'humeur parfois difficiles à gérer, son impulsivité grandissante, sa manière de dire qui n'était que très peu douce. Elle s'était trouvée muette devant ce personnage qu'elle n'avait jamais rencontré, qui pourtant lui inspirait beaucoup d'émotions, un maelström de réflexions, une tempête intérieure, féroce. « Au travail, capitaine. Rendons sa propreté à la cuisine, en avant toute ! » Elle le voyait mettre son énergie dans toutes les tâches qu'il entreprenait, un sourire tendre aux lèvres. Et après avoir attaché ses longs cheveux, elle courrait à sa suite, riant gaiement à cette aventure. Une des nombreuses aventures qu'ils allaient partager ensemble.
Le soleil laissait passer ses rayons, faisceaux lumineux et chauds, à travers la fenêtre du grenier. Unique source éclairée de la petite sombre, dont l'odeur poussiéreuse avait toujours fasciné l'enfant. Des vaguelettes dorés, caramel, qui ondulait dans son dos malingre et seulement habillé d'une légère robe immaculée. Son regard, d'un vert incroyable, étaient dardés sur un objet intriguant, hétéroclite. Une force biscornue, des matériaux étranges et variés. Son souffle calme, apaisé, en harmonie avec le silence environnant. Un bel enfant, un ange tombé du ciel, dont le visage délicat et encore juvénile, contrastait fortement avec l'ambiance presque funeste de l'endroit dans lequel elle se trouvait, gardien des souvenirs que l'on cherche constamment à oublier, tout en haut de la demeure. Un confident que l'on vient parfois chercher quand la nostalgie se fait trop lourde, quand l'envie se fait sentir, à certains moments. « Il te fascine n'est-ce pas ? » Un sursaut, un hoquet de stupeur et les prunelles forêt se tournent vivement vers la source des mots. Une haute stature, quoiqu'un peu courbée par le poids des années. Un visage ridé mais calme, imposant le respect en tout moment. Deux orbes brunes, profondes, qui scannent et entrent profondément dans votre être, à un tel point que cela en est dérangeant. Une main se tend, douce, sans tout fois dissimuler sa fermeté. La petite fille mâchonne sa lèvre inférieur, les joues rosies par la gêne, par la culpabilité. Les ondulations lumineuses de sa chevelure retombent sur son visage ovale et pâle. « Je...je..désolé, Grand-père. » murmure-t-elle, tête baissée. La main s'approche, attrape une de ses dextres, la menant près du grand bureau, couvert d'une couche vaporeuse et moutonneuse. Le temps qui passe, qui s'accumule, qui ne s'efface jamais vraiment. « Sais-tu quel est cet objet ? Quelle est son histoire ? » Un mouvement horizontal lui indique que l'esprit innocent est dénué de tout savoir à propos du monde, de la culture qui se rapporte cette création manuelle et ancestrale. « Dans la culture amérindienne, ceci est un capteur de rêves. C'est un objet artisanal ojibwé appelé "asubakatchin". Il est composé d'un anneau, généralement en saule, et d'un filet lâche. Les décorations qui le composent sont différentes pour chaque capteur de rêves. Selon une croyance populaire, le capteur de rêve est censé empêcher les mauvais rêves d'envahir le sommeil de son détenteur. Agissant comme un filtre, il conserve les belles images de la nuit et brûle les mauvaises aux premières lueurs du jour. » L'enfant est absorbée par les paroles débités d'une voix grave et chaude, son regard suivant le moindre fait, le moindre geste évocateur. Sa mémoire, sa matière grise enregistre le moindre mot, l'histoire qui découle de l'objet, qui le rend si vivant, unique des autres. Ses petites mains enfantines caressent délicatement les plumes colorées, font rouler les boules de bois sur la peau satinée. Et lorsque le silence reprend ses droits, maître incontesté, il est troublé par une mélodie cristalline et légère. « Grand-père, est-ce que je peux le prendre ? S'il te plaît... » Une voix tremblante, peu assurée, presque craintive. Mais une avidité permanente, de posséder ces vieilleries pour lesquelles elle possède une affection toute particulière. Un sourire, discret mais marqué, lui fait comprendre qu'elle peut emporter son trésor et elle accoure, l'objet précieusement gardé entre ses bras fins. Arrivée à la chambranle de la porte, elle se retourne, les yeux brillants. « Est-ce que je peux revenir demain ? Je veux apprendre encore, s'il te plaît ! Montre-moi des nouvelles choses, je veux voyager avec toi, Grand-père. » Un signe de tête plus tard, une promesse silencieuse effectuée, on ne peut plus distinguer la robe blanche, qui disparaît dans un mouvement flou.
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« Ad', ne bouge pas d'un poil. » Un murmure, autoritaire et presque menaçant. Un visage dont les sourcils sont froncés, la lèvre mordillée convulsivement. Ce qui n'enlevait rien à sa beauté pure, presque angélique. Quelques pas, légers et discrets, qui s'avancent jusqu'à la lisière de la porte, à l'affut du moindre soucis. Du moindre trouble qui pourrait faire s'évaporer l'euphorie du moment, la joie du partage. « Il y a du bruit de l'autre côté. Maman va me détruire, si elle voit qu'on a mis le bazar dans la cuisine. » Détournant son visage vers l'intérieur, elle contemple le capharnaüm ambulant qui compose la pièce. Des traces de farines maculent le plan de travail en marbre noir, du chocolat, du beurre fondu éparpillés sur les murs, dans les casseroles. Des coquilles d'œufs jonchent le sol dans des craquements sinistres. Une grimace désespérée étira ses lèvres pleines, sous le regard azur de compagnon de galère. « On ne fait que cuisiner, Sel'. Ta mère va pas nous en chier une galette, si ? » Un regard effaré et un sifflement venimeux de la part de la jeune fille. « Langage, Adriel. C'est ma mère quand même, un peu de respect. » Le garçon lève les yeux au plafond, mains levées en signe de reddition. « Excuse, Sélène. Mais bon, on se pique pas des seringues dans le bras non plus, on a essayé de faire un moelleux au chocolat. » Un sourire narquois rehausse les lèvres, à la pensée de l'infructueuse manipulation culinaire. Une catastrophe ambulante. Les pas s'éloignent ostensiblement, alors elle relâche la tension de ses épaules et retourne se poster contre le brun, qui l'observait avec une fascination silencieuse et presque religieuse. « Ils sont partis plus loin. Quand elle revient, on pourra lécher le sol, tellement ce sera propre. D'acc- » Ses mots se bloquent dans sa gorge quand elle voit le visage fin et androgyne du seul homme de sa vie, s'approcher du sien. Son cœur fait une embardée étrange, inconnue. « Que..qu'est-ce tu fais, Ad' ? » Un sourire se dessine sur les lèvres roses de son ami, de son frère, de son confident le plus proche. Et une pulpe douce et satiné se pose contre sa joue, traverse sa fossette avant d'aller caresser le coin de sa bouche. « T'avais un bout de chocolat, petite gourmande. » Figée par la surprise, elle ne dit mot et attend le recul. Une équation sans variantes, incompréhensible. Comme jouer du piano sans avoir jamais appris le solfège, sans jamais avoir appris à connaître les notes, les sonorités. « Ah, merci... » Il était évident que le regard océan posé constamment sur elle, n'avait rien d'un regard innocent, purement amical. N'ayant jamais pris en compte les critiques, les murmures qui se glissaient dans les couloirs de l'école, à leur propos, elle ne voyait pas ce qui se tramait devant son nez, depuis toujours. En son for intérieur, Adriel était la représentation du frère qu'elle n'avait jamais eu, du meilleur ami qu'elle s'était trouvé. Mais si il était clair qu'elle appréciait beaucoup la beauté étrange et fascinante qu'il possédait, androgyne, biaisée, délicate sans pour autant manquer de masculinité. Son opposé, avec sa voix souvent traînante, grognonne, ses sursauts d'humeur parfois difficiles à gérer, son impulsivité grandissante, sa manière de dire qui n'était que très peu douce. Elle s'était trouvée muette devant ce personnage qu'elle n'avait jamais rencontré, qui pourtant lui inspirait beaucoup d'émotions, un maelström de réflexions, une tempête intérieure, féroce. « Au travail, capitaine. Rendons sa propreté à la cuisine, en avant toute ! » Elle le voyait mettre son énergie dans toutes les tâches qu'il entreprenait, un sourire tendre aux lèvres. Et après avoir attaché ses longs cheveux, elle courrait à sa suite, riant gaiement à cette aventure. Une des nombreuses aventures qu'ils allaient partager ensemble.