Oxford Street, ou l'endroit préféré d'Alison. Cette rue, immense, était le paradis des magasins. Chaque fois que la jeune Sawyer s'y rendait, son porte-monnaie pleurait. Ici, elle pouvait dépenser une centaine d'euros pour une simple paire de chaussures. Oui, cette rue n'avait rien à voir avec une braderie. Non. Il y avait pratiquement que des magasins de luxe, le genre de magasin qui foutent bien la haine après une journée de lèche vitrine. Mais peu importe. Ce jour-là, Alison avait envie de se faire du mal, ou bien en faire à son porte-monnaie - à voir -. Elle était donc au bout de la rue, prête à inspecter tous les habits et toutes les chaussures de chaque magasin qui lui ferait de l’œil. Mais là, elle attendait Jace. Jace, son meilleur ami. Meilleur ami qu'elle considérait plus que ça finalement, depuis un certain temps. Qui a dit que l'amitié homme/femme était possible? Alison y croyait elle. Avant qu'elle ne commence à apprécier davantage les moments où Jace la touchait. Avant qu'elle ne commence à jalouser les filles qui l'approchaient d'un peu trop prêt. Oui, Alison commençait à l'apprécier plus que comme un ami, à son plus grand dam. Et c'est à cause de cette attirance nouvelle qu'elle devenait distante avec Jace. Oui parce que, figurez vous qu'il y a pas si longtemps que ça, le jeune homme est sorti avec la meilleure amie d'Alison. Autant vous dire que la jalousie d'Ali a atteint son maximum à cette période-ci. Et depuis, elle se contenait. Elle lui en voulait d'être sorti avec cette fille. Elle lui en voulait de ne pas l'apprécier davantage. Bref, elle était saoulée. « J'ai failli attendre. » répliqua-t-elle quand le jeune homme fit son apparition. Il avait cinq minutes de retard, et elle s'en foutait totalement. C'était simplement une façon de le taquiner, comme elle le faisait agréablement bien à chaque fois qu'elle se retrouvait avec lui. Elle le serra brièvement dans ses bras, essayant de ne pas faire durer les effusions, et commença à entrer dans la grande rue. « Je veux que tu sois mon ami gay aujourd'hui. T'as intérêt à bien me conseiller sur tout ce que j'essaie. » dit-elle, le regardant en coin, sachant pertinemment que faire les boutiques ne devait pas être son passe-temps favoris.

Damn it, pourquoi avait-il au juste accepté ?  La tête baissée, Jace traversait Oxford Street d’un pas lourd, évitant soigneusement les passants qui grouillaient dans la grande allée. Et comme par hasard, Alison l’attendait de l’autre côté de la rue, quand lui habitait au bout opposé. Fichu karma. Il allait être en retard, il le savait, mais visiblement, ses jambes n’étaient pas décidées à avancer la cadence. Inconsciemment, il faisait exprès de retarder l’après-midi infernale qui l’attendait. Sa seule satisfaction était le fait de voir Alison. Sous prétexte de pouvoir passer un peu de temps avec sa meilleure amie, il avait cédé à sa requête – à savoir l’accompagner faire les boutiques – même si entre nous, le jeune homme se serait bien contenté d’un simple verre. Cependant, Jace avait remarqué à quel point leur amitié commençait à se fragiliser et en dépit des nombreuses questions qui trottaient dans sa tête, il saisissait chaque occasion pour essayer de rectifier le tir. Lorsqu’il l’aperçut, le brunet lui adressa un signe de la main avant de la rejoindre. « Ce n’est quand même pas ma faute si tu me traînes à l’autre bout de la rue. Surtout Oxford Street quoi, il faudrait presque prendre un bus pour la longer. » Il avait bien entendu cerné le ton taquin de la remarque d’Alison et cette dernière savait parfaitement qu’il ne fallait pas prendre sa réponse comme une agression ou autre réplique désagréable. C’était juste Jace et son air renfrogné de la journée. Déçu par la pauvre étreinte beaucoup trop rapide à son goût, il ne montra cependant rien et suivit sa meilleure amie, les mains dans les poches. « Tu sais bien que je ne suis pas très doué pour ça. » grommela-t-il. « Sauf pour la lingerie. Alors là, tu peux me faire confiance. » Lui lançant un bref regard, il nargua Alison d’un sourire moqueur, d'autant plus amusé par l'expression qui se dessina sur son visage. « Je plaisante, détends-toi. » Quoique… La voir en sous-vêtement n’aurait sûrement pas été déplaisant mais c’était un tout autre débat. Sans gêne – et surtout pour tester la réaction de la blonde, Jace passa son bras autour des épaules de la jeune femme, l’attirant contre lui comme ils avaient toujours eu l’habitude de le faire… avant qu’il ne sorte avec la meilleure amie.

Même si Alison boudait son meilleur ami à l'heure qu'il était, elle était tout de même contente de savoir qu'elle allait passer toute une journée à le trainer dans les magasins. C'est pas qu'elle était sadique et qu'elle souhaitait le voir souffrir, non. Elle désirait juste passer une journée en sa compagnie, et pourquoi pas se laisser conseiller par la personne qui la connaissait le plus. « T'as du gras en trop, un peu de sport ça te fait pas de mal. » répondit-elle à la plainte de Jace, d'un ton tout aussi ironique que le sien. Bien évidemment, elle ne cherchait qu'à le taquiner, rien de plus. Elle savait que trop bien que son meilleur ami avait besoin de tout sauf de perdre du muscle poids. L'éteignant brièvement, blondie commença à avancer dans la rue, scrutant les magasins, choisissant soigneusement le premier endroit où elle allait se rendre. Mais son regard se tourna vite vers Jace, qui, comme à son habitude, la taquinait. Ça elle le savait qu'il était calé niveau lingerie. Mais pas celle d'Alison, non. Celle de sa meilleure amie. Avec qui il était sortit seulement deux petites semaines, mais deux semaines quand même. Calme toi, c'est une blague. se répétait la blonde, lui jetant tout de même un regard plein d'ironie. « Je pensais plutôt que tu pourrais essayer les vernis à ma place, comme on a la même couleur de peau.. histoire de voir si ça ferait bien sur moi quoi. » répliqua-t-elle d'un air sérieux, bien qu'elle ne l'était pas, évidemment. Elle savait que jamais Jace ne toucherait à du maquillage, et tant mieux pour elle d'ailleurs. Suite à ça, Alison sentit le bras de son meilleur ami se refermer autour de ses épaules, l'approchant doucement de lui, comme ils faisaient toujours auparavant. Certes, Ali adorait ces gestes qu'il avait envers elle. Mais elle faisait la gueule. Elle ne voulait plus qu'il soit tactile autant tactile avec elle, sachant qu'il l'avait autant été avec sa propre meilleure amie. Elle feinta donc, se détachant de son étreinte comme si de rien n'était avant de montrer un magasin du doigt, d'un air faussement enthousiaste. « Tiens, on va commencer par celui-ci ! » Elle entra dans le bâtiment, et commença à fouiller au milieu d'une centaine d'habits, essayant de faire retomber le malaise qu'elle ressentait entre eux deux. « Faut que je m'achète une robe de soirée. Cherche et trouve moi la plus belle de toutes. » dit-elle à Jace, comme si de rien était, alors qu'elle cherchait de son côté.