I.
Les lumières défilent à vives allures. Les gens se pressent autour de toi, autour de ce petit corps endolorie. Ils te branchent à tu ne sais quoi. Ils prennent ta tension, regarde ta brûlure et se hâtent de t'emmener en salle opératoire, c'est le médecin à ta droite qui l'a dit aux infirmiers et au chirurgien. Ta blessure te fait un mal de chien, mais tu restes étonnamment calme. Tu te contentes de te mordre l'intérieur de ta bouche, en regardant tantôt les lumières du plafond, tantôt Jamie qui te suit, un sourire accroché sur son doux visage. Il ne peut pas te prendre la main, les médecins l'en empêchent mais tu sais qu'il l'aurait fait, s'il le pouvait. Il te soutient, c'est certainement le seul. D'un coup, tout se brusque. Tu pénètres dans la salle d'opération, un médecin te positionne sur la bouche un masque pour t'anesthésier. La jeune femme te dit que tout va bien se passer, que tes parents vont arriver et que tout ira pour le mieux et qu'ils vont te faire une greffe de la peau. Mais toi, tu t'en fous. T'es déjà ailleurs, t'es déjà partie loin, à fixer un coin du bloc opératoire. Là où se trouve Jamie. Tu le vois sortir de ta poche, le fameux briquet. Celui avec lequel tu t'es brûlée et une dernière fois, tu te remets à penser à cette chaleur réconfortante que tu avais senti. Alors, tu te mets à penser que ce ne serait pas la dernière fois que tu t'amuserais avec le feu, qu'importe les conséquences. Et c'est avec cette pensée incendiaire, que tu finis par fermer les yeux sombrant dans un profond sommeil.
Tu te fixes à travers le miroir, en sous-vêtement. La marque est là, sur le haut de ta cuisse droite. Violacée, quelque peu rosée aussi. C'est un calvaire. Malgré les jeans que tu portent désormais tous les jours, tu as l'impression que les gens la voient. Que les gens la fixent, que les gens se moquent de toi, qu'ils te critiquent. Jamie n'est pas vraiment là pour t'aider à ne plus avoir ces pensés. Au contraire, il les accentue. Ils gueulent aux gens que ce ne sont que des couillons. Parfois, il t'humilie aussi. Parfois, il se moque de toi et de ta cicatrice. Et dans ces cas-là, tu ne peux pas vraiment faire grand chose. Tu l'écoutes, parce que tu ne peux pas faire autrement. Tu n'as plus la danse pour t'aider. Cet art que Jamie ne supporte pas et qui le fait s’éclipser à chaque fois que tu te déhanches un peu trop à son goût. Tu ne veux plus danser, tu n'en as pas le cœur, ni le courage et encore moins la force. La cicatrice te bousille. Elle anéantie tes chances de devenir une grande danseuse. Les tenues de ces dernières sont bien trop courtes, ta brûlure n'est pas camouflée et c'est mauvais. Une danseuse ne doit pas avoir de défaut et toi, tu en as un énorme sur la cuisse. Tu n'as plus de vie. Tu as quitté Julliard. Tes parents t'ont prise pour une folle, une tarée et ils se sont mit à te faire consulter une psychologue. A Londres. Tu quittes le pays ce soir, pour vivre chez ta grand-mère. Jamie t'a promis de te suivre. Tu paniques. L'envie furieuse de reprendre ton zippo pour faire tout cramer te lance. Tes mains tremblent, tu contemples ton reflet. Tes yeux sont petits, tes cernes sont immenses, tes lèvres sont gercées. Ta peau est pâle et ta cicatrice ressort encore plus. Timidement, tu passes tes doigts sur ta blessure. Tu vois les doigts de Jamie faire pareil, et tu relèves la tête vers lui. Lorsque, ta mère toque à la porte. Elle ouvre celle-ci, te regarde et lâche : « Habilles toi Marylou, on part dans vingt minutes. » Puis, elle s'éclipse. Jamie, désormais derrière toi, te pointes tes vêtements du doigt, un sourire sur le visage. Et là, tu aperçois un briquet. Tu ne réfléchis même plus, tu le saisis, et tu en fais jaillir une flamme que tu rapproches doucement de ta peau, sous les obligations de Jamie. Et là, soudainement, un timide sourire apparaît sur ton visage, tu es désormais sereine.
Les réunions de fous, comme dit Jamie, ne te servent à rien. Tu te lèves, comme ce matin, pour assister à un rassemblement de personnes ayant des problèmes plus ou moins graves. Tu t'assois avec eux, tu les écoutes parler de leurs ennuies, de leurs progrès face à la maladie. Quand vient ton tour, tu ne dis rien, parce que t'as pas envie de raconter ta vie à des gens qui n'en ont rien à foutre. Les malades, ils sont là pour parler d'eux, pas pour t'écouter. Ils sont là pour se plaindre, pour y trouver du soutien. T'as pas besoin d'être soutenu, t'as Jamie toi. Jamie qui se trouve derrière la porte vitrée, à te fixer avec ses yeux noisettes. Et toi, pendant la réunion, tu fais pareil, tu le fixes. Parfois, tu aventures ton regard dans la pièce. Tu vois des gens mal, des gens patraques, bizarres, instables. T'as pas envie d'être comme eux. Tu te sens pas comme eux, tu te sens pas malade ni normale non plus. T'es juste toi. Toi avec ta pyromanie, que tu n'assumes pas. Toi avec ta schizophrénie, dont tu n'as même pas connaissance. Toi et ta folie.
II.
Tu te fixes à travers le miroir, en sous-vêtement. La marque est là, sur le haut de ta cuisse droite. Violacée, quelque peu rosée aussi. C'est un calvaire. Malgré les jeans que tu portent désormais tous les jours, tu as l'impression que les gens la voient. Que les gens la fixent, que les gens se moquent de toi, qu'ils te critiquent. Jamie n'est pas vraiment là pour t'aider à ne plus avoir ces pensés. Au contraire, il les accentue. Ils gueulent aux gens que ce ne sont que des couillons. Parfois, il t'humilie aussi. Parfois, il se moque de toi et de ta cicatrice. Et dans ces cas-là, tu ne peux pas vraiment faire grand chose. Tu l'écoutes, parce que tu ne peux pas faire autrement. Tu n'as plus la danse pour t'aider. Cet art que Jamie ne supporte pas et qui le fait s’éclipser à chaque fois que tu te déhanches un peu trop à son goût. Tu ne veux plus danser, tu n'en as pas le cœur, ni le courage et encore moins la force. La cicatrice te bousille. Elle anéantie tes chances de devenir une grande danseuse. Les tenues de ces dernières sont bien trop courtes, ta brûlure n'est pas camouflée et c'est mauvais. Une danseuse ne doit pas avoir de défaut et toi, tu en as un énorme sur la cuisse. Tu n'as plus de vie. Tu as quitté Julliard. Tes parents t'ont prise pour une folle, une tarée et ils se sont mit à te faire consulter une psychologue. A Londres. Tu quittes le pays ce soir, pour vivre chez ta grand-mère. Jamie t'a promis de te suivre. Tu paniques. L'envie furieuse de reprendre ton zippo pour faire tout cramer te lance. Tes mains tremblent, tu contemples ton reflet. Tes yeux sont petits, tes cernes sont immenses, tes lèvres sont gercées. Ta peau est pâle et ta cicatrice ressort encore plus. Timidement, tu passes tes doigts sur ta blessure. Tu vois les doigts de Jamie faire pareil, et tu relèves la tête vers lui. Lorsque, ta mère toque à la porte. Elle ouvre celle-ci, te regarde et lâche : « Habilles toi Marylou, on part dans vingt minutes. » Puis, elle s'éclipse. Jamie, désormais derrière toi, te pointes tes vêtements du doigt, un sourire sur le visage. Et là, tu aperçois un briquet. Tu ne réfléchis même plus, tu le saisis, et tu en fais jaillir une flamme que tu rapproches doucement de ta peau, sous les obligations de Jamie. Et là, soudainement, un timide sourire apparaît sur ton visage, tu es désormais sereine.
III.
Les réunions de fous, comme dit Jamie, ne te servent à rien. Tu te lèves, comme ce matin, pour assister à un rassemblement de personnes ayant des problèmes plus ou moins graves. Tu t'assois avec eux, tu les écoutes parler de leurs ennuies, de leurs progrès face à la maladie. Quand vient ton tour, tu ne dis rien, parce que t'as pas envie de raconter ta vie à des gens qui n'en ont rien à foutre. Les malades, ils sont là pour parler d'eux, pas pour t'écouter. Ils sont là pour se plaindre, pour y trouver du soutien. T'as pas besoin d'être soutenu, t'as Jamie toi. Jamie qui se trouve derrière la porte vitrée, à te fixer avec ses yeux noisettes. Et toi, pendant la réunion, tu fais pareil, tu le fixes. Parfois, tu aventures ton regard dans la pièce. Tu vois des gens mal, des gens patraques, bizarres, instables. T'as pas envie d'être comme eux. Tu te sens pas comme eux, tu te sens pas malade ni normale non plus. T'es juste toi. Toi avec ta pyromanie, que tu n'assumes pas. Toi avec ta schizophrénie, dont tu n'as même pas connaissance. Toi et ta folie.